La vie sur la Côte basque, au bord de l’eau, vous fait rêver ? Regarder, les pieds dans le sable, l’océan qui bat au rythme des marées, les rochers qui se découvrent et se dissimulent tour à tour… La Côte est un endroit où il fait bon vivre et où de nombreuses espèces animales élisent elles aussi domicile. Mais ce cadre, qui nous paraît idyllique, peut se révéler bien hostile pour la vie sauvage !
En effet, les allées et venues des flots, le vent asséchant, les vagues brisantes, le soleil brûlant, tous ces éléments produisent un environnement dynamique et plein de défis. En observant de plus près les espèces présentes dans la zone de balancement des marées, appelée l’estran, on peut en apprendre beaucoup sur le milieu marin.
Afin de s’adapter à ce milieu toujours changeant, les différentes formes de vie ont adopté des stratégies variées et parfois surprenantes. La vie est structurée par les éléments naturels, le plus important étant le temps moyen d’émergence. Ainsi, on a une zone de variation qui part des zones recouvertes uniquement par les marées les plus hautes jusqu’aux endroits découverts seulement lors de marées exceptionnellement basses. (Et oui, la marée change aussi ! Lisez notre article sur le sujet pour en apprendre un peu plus.) Ici, on vous donne quelques indications sur les espèces communes du littoral rocheux au pays basque :
En haut de l’estran, on trouve principalement des animaux recouverts de coquilles protectrices. Peu voire pas du tout mobiles, les animaux de cette zone se retrouvent confrontés à la dessiccation – le fait de se dessécher – et à la prédation des animaux terrestres.
La patelle, ou chapeau chinois, est l’un des premiers animaux que l’on peut croiser. Il s’agit d’un gastéropode (cousin de l’escargot donc) avec une coquille caractéristique conique. A l’aide de dents produites en continu, il se nourrit d’algues poussant à la surface des rochers. Ces dents sont le matériel biologique le plus solide trouvé à ce jour, dépassant et détrônant celui de la toile d’araignée !
Quelles autres espèces peut-on rencontrer ? Des gibbules bien sûr ! Ces petits gastéropodes, à la coquille en spirale, sont présents en abondance dans les zones naturelles. Ils sont cependant très vulnérables à la pollution, notamment par les hydrocarbures (pétrole, diesel, etc). Leur présence, qui indique un milieu non pollué, est donc considérée comme étant un très bon bio-indicateur. En plus, leur coquille est très appréciée des bernard l’ermite !
Les balanes recouvrent le haut de beaucoup de rochers de l’estran basque. A première vue, on les assimile aux patelles, mais ils sont en réalité très différents. Étonnamment, ce sont des crustacés : leurs cousins proches sont donc les crabes, langoustes et crevettes. Au niveau larvaire, difficile de les distinguer de ces derniers, mais une fois au stade adulte, ils vivent fixés au substrat (le rocher). Ainsi, ils viennent fixer l’équivalent de leur front sur le rocher et leur corps se fige autour. Ils passent alors le restant de leur vie à se nourrir de planctons, en filtrant l’eau de mer. Faisant partie de la même famille que les opernes (pousse-pieds), ils se font rares sur nos côtes en raison de notre proximité avec l’Espagne, où ils sont très appréciés dans les assiettes !
Et si on allait un peu plus bas ? Là, les ophiures se cachent sous les rochers pendant la journée. Ces échinodermes ressemblent à des étoiles de mer, mais s’en distinguent par leurs longs bras étroits, rigides et d’apparence fragile. Elles bénéficient de pouvoirs régénérateurs exceptionnels : elles peuvent ainsi perdre un ou plusieurs bras, sans danger pour leur survie. Perturbées pendant la journée, elles cherchent à se réfugier dans des zones ombragées qu’elles repèrent à une distance de plusieurs centimètres. En effet, leur exosquelette est recouvert de petits cristaux agissant comme autant de lentilles, leur procurant ainsi une vision rudimentaire.
Les anémones vertes se trouvent dans la partie basse de l’estran. De l’espèce des cnidaires, elles sont donc proches des coraux et méduses. Tout comme leurs parents les coraux, elles lient une relation symbiotique avec des microalgues dinoflagellées qui trouvent refuge à l’intérieur de leurs tissus. En échange de cet abri, elles transfèrent à l’anémone les produits de leur photosynthèse. Ce sont ainsi leurs pigments photosynthétiques qui donnent la couleur verte à l’animal. Quant à la pointe violette des tentacules, celle-ci est due à la production de protéines « GFP » dont le rôle est de dissiper l’énergie des rayons UV captés.
Et le poulpe ? Lui, il affectionne les piscines naturelles qui se forment lors des marées basses. Ces animaux extraordinaires sont les invertébrés réputés pour leur grande intelligence (allez voir le compte Instagram @Octonation pour des preuves !). Bien qu’exclusivement aquatiques, ils sont capables de se déplacer hors de l’eau sur de courtes distances pour changer de flaque, à la recherche de leurs mets favoris : les crabes !
De nombreuses autres espèces curieuses sont cachées dans nos rochers… A vous d’aller y faire un tour ! Veillez toutefois à respecter les 3 règles de base :
- Faites attention où vous mettez les pieds, car de nombreux organismes peuvent être résistants aux éléments, mais susceptibles d’être écrasés. Et puis, ça vous évitera de glisser ?
- Si vous retournez un rocher, remettez-le à sa place ensuite ! Les animaux qui vivent en-dessous sont très sensibles à la lumière. De même, ne retournez pas tous les rochers, ils font partie d’un milieu fragile.
- Ne prenez que des photos, ne laissez que des traces de pas… Si vous pratiquez la pêche à pied, respectez les quotas et la réglementation en vigueur.
Et en ce qui concerne les algues, on vous donne quelques conseils ici.
On vous souhaite une très belle exploration !